T’aimes le rap ? T’aimes la photo ? Bon ba t’aimes David Delaplace
Portrait du photographe de covers

Dimanche 13 avril, Vert-Saint-Denis, ambiance friche industrielle et hangars, on cherche le studio photo de David Delaplace. Trouvé ! Look décontracté post-soirée, cernes assumées, mais sourire franc et regard pétillant, David nous accueille. Un mec dans le dur de la veille mais qui gère comme un chef. Il a préparé un apéro, entre deux galères techniques, fier de son guacamole maison. Il nous offre des t-shirts floqués à l’effigie de son livre. Ambiance posée, généreuse, what the fuck à souhait. On est chez Delaplace.
Ce dimanche-là, il recevait quelques passionnés triés sur le volet dans son studio pour une review en avant-première de son nouveau livre : un manuel photo. Une œuvre hybride, comme lui. Delaplace ne parle pas la photo en latin, il parle en punchlines.
La street dans le viseur
Ceux qui suivent un peu la scène rap française connaissent forcément ses images. David Delaplace, c’est le mec derrière les portraits puissants d’Orelsan, Damso, Dinos, SCH, Youssoupha, Vald, Ninho… La liste est longue. Pas d’école prestigieuse, pas de réseau doré. Juste une passion brute, de la débrouille, des heures de shoot, un œil.
Il commence dans la rue, à shooter des potes, des artistes émergents. Puis son style se fait remarquer : des noirs profonds, des regards qui te fixent comme si t’étais seul au monde, une esthétique qui sent le bitume et l’intime à la fois. Il a cette capacité rare à faire poser sans poser. À capter l’aura d’un rappeur sans le dénaturer. Ses photos, c’est du storytelling silencieux.

Un livre, de la sueur, et beaucoup de café
Lumière éteinte, projecteur allumé : David passe en revue les quelques 300 pages qui vont constituer son livre, pas encore tout à fait fini. Il nous raconte sa construction, le travail acharné derrière chaque visuel, chaque schéma. Il rit en évoquant son dessinateur, à bout de nerfs face à ses demandes incessantes de modifications, et son graphiste, embarqué dans son perfectionnisme. « Le livre était quasiment fini… et j’ai tout recommencé. Ça ne me plaisait pas. »
Ce n’est pas son premier coup d’essai, il a déjà publié plusieurs ouvrages. Notamment Le visage du rap en février 2014 dans lequel il réunissait tous les acteurs marquants de la scène hip-hop. Son nouveau livre, il le veut différent. Pédagogique, ludique, accessible. L’idée, c’est de transmettre son savoir, sans jargon, sans chichi. Juste la photo, comme lui il l’a apprise : en faisant, en ratant, en recommençant. Il nous parle aussi de l’envers du décor, de l’industrie du livre d’art. De la créativité qu’elle permet, mais aussi du taf colossal qu’elle demande. Et du business derrière tout ça.

Une pause en terrasse
Sur sa terrasse, entre deux taffes de cigare, Delaplace nous partage des anecdotes. On discute de tout et de rien. On parle d’IA, de l’avenir de la photo, des mutations du métier. David est lucide, jamais naïf. Il connaît les règles du jeu, et surtout, il sait qu’elles changent vite.
“ La photo a toujours eu sa place, mais aujourd’hui, avec les réseaux, elle est carrément vitale. Tout le monde a besoin d’images ”
Ce dimanche nous a permis de découvrir l’homme derrière l’objectif, mais aussi de croiser d’autres passionnés du milieu. Un moment loin des artifices, où la photo, l’humain et la générosité étaient au cœur des discussions.